« À la fois artiste, agricultrice, citoyenne, féministe, mère, j’exprime dans mes œuvres l’histoire et le présent de ma terre, legs d’une famille patriarcale, avec cette belle ferme qui vient du côté maternel. Ma mère, ma grand-mère, mon arrière-grand-mère y travaillèrent sans relâche et purent y développer leur don extraordinaire de semeuses. », Marie Labat

Les œuvres de Marie Labat, teintées de naturalisme magique, invitent à mener une profonde réflexion sur la terre nourricière, sur ce qui s’en est effacé, mais aussi sur ce qui peut être sauvé ou renaître grâce à l’attention, au soin, à ce que l’artiste nomme une « philosophie du vivant ». C’est ce que révèlent les huit contes écosophiques – petites légendes rurales au message universel – qui se tissent ici autour de son art agroféministe.

Née en 1983, diplômée des Beaux-Arts (2011), Marie Labat reprend l’exploitation de sa ferme familiale en 2012. En parallèle à son activité d’agricultrice, elle continue de nourrir sa production artistique et met en place divers projets où l’art dialogue avec la notion de « ruralité ». En 2022, elle est lauréate du programme « Coopération, création de territoire » pour son projet collaboratif « La ferme nourricière, patrimoine d’autrefois, utopie de demain ? ».

« Jeanne était hypermnésique depuis longtemps. Haute comme trois pommes, elle se souvenait à ravir des mots et des choses, des lignes d’un visage, des dessins qui passaient sous ses yeux. Tout ce qui pénétrait sa peau d’éponge procédait tel un tatouage ; des jours creux et pleins, des paroles qui fuient dans l’air transparent, du concert des klaxons qui, le 7 mars 1973 à midi, avait fait trébucher sa mère sur une borne d’incendie rouge comme le sang.

La sirène du village avait retenti (c’était le premier mercredi du mois), une odeur de pain brûlé partait vers un ciel d’hirondelles, un vent léger secouait les branches nues, des Dragibus s’étaient échappés de leur sachet plastique pour composer un petit mont gluant en bordure du caniveau ruisselant d’une eau vive. Jojo, le cantonnier à l’abondante chevelure poivre et sel, riait seul au milieu du bordel, indifférent au brouhaha, au vol des oiseaux, au bleu du genou de Violette que sa fille remarqua à travers ce bas chair qu’elle savait accroché à un porte-jarretelles en dentelle.

Que faire de tous ces détails, à part les enregistrer ? »

Journaliste indépendante, Rosa Sand (née en 1968) signe avec « Reflets vintage » un premier roman, intimiste et politique.

Premier artiste a avoir détourné Google pour en faire une œuvre d’art, inventeur du concept de « capitalisme sémantique », dessinateur impétueux, Christophe Bruno nous livre son journal de bord et nous embarque sur des « dérives psycho-académiques », dans les flux d’un réseau Internet dont le joyeux chaos initial et la viralité ont préludé au contrôle de nos vies. Un voyage au long cours dans lequel les nuages d’information croisent la route des pirates et où les diagrammes alluviaux préparent des tsunamis.

Graphomane dès l’enfance, Christophe Bruno (né en 1964) est diplômé de l’École Centrale Paris et Docteur en Physique Théorique. Il a été ingénieur, chercheur, peintre, compositeur, directeur de projets Internet, graphiste, programmeur Web, puis est devenu artiste hacker, curator, philosophe des big data, startupper, enseignant aux Beaux-Arts, logeur AirBnB, A.I. Chief Technical Officer, crypto-trader hasardeux, chômeur… Au cœur d’une résilience représentative de sa génération, qui a dû s’adapter à la fermeture de la parenthèse dorée des Trente Glorieuses, il mène un travail artistique en lien avec Internet depuis plus de vingt ans.