Échos

Retours écrits de nos lectrices et lecteurs sur nos livres

Lucille G. , diplômée en Master 2 Métiers du Livre et de l’Édition à l’Université Paul Valéry (Montpellier)

« Étant moi-même issue de la campagne, je me suis reconnue dans cette démarche artistique et politique, défendant des valeurs qui sont aussi les miennes. Par la prégnance de ses œuvres, au travers du livre La semeuse et autres contes, l’artiste Marie Labat revient, entre autres, sur ses racines. Par exemple, dans Les Gemmeuses, une installation dont le nom relève d’un néologisme qui souligne la féminisation d’un travail attribué, pourtant, à l’homme seul, compose un hommage, si ce n’est un paradigme de ce qui a été vécu hier par les « gemmeuses » – une histoire si peu considérée, à l’évidence perdue, et que l’artiste s’efforce de rappeler à la conscience collective : la femme a toujours pris part au labeur, en plus de celui qu’on lui imposait à la maison, du simple fait d’être née femme. La semeuse et autres contes se distingue par sa profondeur et sa capacité à tisser des liens subtils qui transcendent les frontières entre l’agriculture, l’écologie et le féminisme, tout en conceptualisant un « agroféminisme » — terme dont peut dès lors se saisir le lecteur/spectateur pour évoquer une approche rappelant, avec justesse, que l’art peut être un puissant vecteur de changement et de « conscientisation » ; mais surtout que l’avenir des êtres humains sur leur « Terra Mater » est intrinsèquement dépendant de la préservation de l’écosystème et de la prise en considération de toutes ses vies, qui plus est dans une époque où, précisément, « l’ère de l’Anthropocène » se tourne vers un monde du « tout numérique. »
Dans ce contexte, ainsi que l’on le lit à la page 25 : « Ce que nous imaginons être le prix à payer pour notre confort fissure notre humanité. »

Lilou B. , étudiante en Licence 3 d’anglais à l’Université Lyon Lumière (Lyon)

« J’ai découvert avec La semeuse et autres contes l’œuvre de Marie Labat. L’art agroféministe était une nouveauté pour moi, mais les explications et les mises en contexte qui accompagnaient les collections m’ont permis d’en apprécier pleinement le message. Tout de suite, l’œuvre Champ de Maldoror m’a plu : ses personnages s’agitent, ses oiseaux sont libres et sauvages tandis qu’un paysan les observe calmement. Au fil des pages, l’ouvrage éclaire chacune des collections. Certaines œuvres, qui auraient pu me paraître mystérieuses, sont si bien amenées et décrites que leur sens s’est imposé à moi. L’ensemble des œuvres de Marie Labat est profondément féministe ; la condition paysanne en est le centre. L’artiste sublime le travail à la ferme et témoigne de l’harmonie entre l’agriculture et la nature tout en rendant un bel hommage à sa grand-mère.
Cet ouvrage nous incite à réfléchir à notre rapport à la terre nourricière en cette ère du numérique et de la grande distribution. »

Carole V. , peintre, professeure d’arts plastiques (Hérault)

« Rendre chair, ce livre sur Alice Neel de Florence Andoka : un régal !

J’ai cru pendant plusieurs pages que le « tu » employé correspondait à la propre parole de l’artiste sur elle-même, tant l’intimité du ton est constante. Comme un monologue lucide… Beaucoup aimé aussi le procédé stylistique de plonger dans l’intimité d’un tableau sans le voir.
Cette description de l’acte de peindre comme une douce prédation, un impérieux besoin de saisir l’autre dans son incarnation, obsédante nourriture, met en valeur l’omniprésence de son regard gourmand sur les corps, mais sans crapulerie picassienne. Ce fameux female gaze dévoile les premières loges du cervelet de l’artiste : son intransigeance, sa générosité. L’attente infinie des modèles, anxieuse, narcissique évidemment, démesurée par rapport à une image potentielle d’eux-mêmes est sacrément drôle, avec toutes les nuances qu’occasionnent les célébrités croquées ! Bref, un très beau portrait émouvant, attachant, en relief, le plus vibrant parmi tous les autres portraits qui révèlent Neel et sa pratique exigeante et fiévreuse de peintre.
Merci aux éditions Les plis du ciel pour ce cadeau vivant, je vais le partager, l’offrir, bien sûr. »

Lucille G. , diplômée en Master 2 Métiers du Livre et de l’Édition (Université Paul Valéry, Montpellier)

« Rendre chair de Florence Andoka. J’ai depuis le début énormément apprécié ce titre, énigmatique, généreux, sensuel et intimiste.

J’ai in medias res ressenti une forme d’intimité lors de ma lecture, rendant très justement hommage à l’authenticité de l’artiste Alice Neel — « Tu souhaiterais que ce ne soit pas arrivé, que quelque chose s’efface, qu’un semblant de sens devienne perceptible, que ta peinture soit remarquable, qu’elle dise tout ce qu’elle t’aide à traverser. » —, et à ses peintures, presque crues, de grands personnages, venus d’une époque révolue de la vie artistique new-yorkaise, qui semblent replacés dans leur condition d’homme, à la fois sur le plan de leur posture, de la trivialité des plis de leur corps, du froissement de leur accoutrement. Un naturalisme que l’autrice, Florence Andoka, convoque dans son écriture, oscillant entre les envolées lyriques et un dépouillement propre à une langue pure. Ainsi, l’expérience de lecture dans laquelle je me suis immergée, propice à la découverte d’Alice Neel sous un nouveau jour, et dans mon cas, « sous un premier jour, » m’a initiée à l’exploration d’une intimité singulière, comme au saisissement du souffle vital qui traverse la peinture d’Alice Neel, et ainsi qu’à l’existence fragmentée d’une artiste passionnée. »


Félix P. , étudiant en DNSEP Master 2 à l’EESBA (site de Brest)

« J’ai adoré ce livre sur Alice Neel, Rendre Chair de Florence Andoka ! J’ai d’ailleurs tellement été accro à sa lecture que j’ai préféré le lire d’une traite avant d’aller voir les peintures décrites par l’auteure, à chaque occasion où Neel était en face à face avec ses modèles dans son appart’-atelier. Je me suis donc imaginé les portraits peints par l’artiste à l’époque comme une énigme, un mystère, avant d’aller les découvrir sur le Net. Et puis j’ai aussi été fan de la manière dont l’auteure s’adressait à Neel avec « son » tutoiement au présent, comme pour lui redonner vie, se rapprocher au plus près d’elle. Et encore, tous ces détails sur la vie d’une artiste incroyable longtemps oubliée par l’histoire de l’art, sur ses rencontres intimes, sur ses relations à la fois silencieuses et cash avec ses modèles, dont beaucoup ont rythmé la mythique scène underground new-yorkaise des années vintage.
Franchement : trop cool, top, je suis carrément fan ! »


Pierre Dole, artiste (Doubs)

« Focus en cette fin d’été sur mon dernier livre de chevet, ou plutôt de farniente à la plage devrais-je dire, Rendre chair. Difficile de trouver un titre aussi concis et percutant quand il s’agit de traiter de l’univers fusionnel d’une artiste tel que celui d’Alice Neel. Pour ma part, j’ai l’habitude de me plonger dans des ouvrages plus académiques qui décryptent avec moultes illustrations un artiste ou un sujet de cet ordre qui me captive, ou du moins me questionne. Pour le coup, j’ai chaviré sans background iconographique au cœur d’une biographie qui se dit fictionnelle, mais qui n’en est pas moins documentée à souhait tant on perçoit par les interstices d’une vie cabossée, les méandres d’une histoire intime qui se fond dans une plus grande, celle des soubresauts d’une vie artistique new-yorkaise débridée voire délurée. Et me direz-vous « Rendre chair » là-dedans ? C’est justement ce qui relie une myriade de modèles plus ou moins connus, d’Andy Warhol à Robert Mapplethorpe en passant par l’environnement bigarré d’Alice Neel, dans un rapport expressif voire cru avec l’artiste elle-même, mais dans lequel le corps est exalté pour ce qu’il recèle de plus précieux: cette fibre des êtres qui les rapproche imperceptiblement, parfois de manière cynique même, mais dans une connivence qui a toujours un grain authentique.
Merci à Florence Andoka pour ce récit pas comme les autres et aux éditions Les plis du ciel d’oser des tangentes éditoriales non moins originales. »

(Post https://www.instagram.com/pierre.dole/22/08/2022)