
Un papier très instructif quant à l’avenir des livres qui figurent dans les collections publiques des bibliothèques françaises… On y apprend, entre autres, que le second sens du verbe « désherber » signifie « Retirer les ouvrages vétustes ou obsolètes des collections d’une bibliothèque », et qu’un certain Eugène Morel en faisait déjà la promotion en 1908. On y apprend aussi, et surtout, que, de nos jours, cela devient systématique et que le critère premier pour garder un livre dans un tel fonds est qu’il s’agisse d’un ouvrage très demandé et qui se vend très bien. Au passage, l’argument écoresponsable est avancé pour ce désherbage puisque les livres tombés en disgrâce se retrouvent dans quelque solderie en ligne membre du réseau 1 % for the Planet.
En somme, la machine est bien huilée et se tourne, pour l’instant, du côté de l’entreprise pour faire de la place (ce qui est sans doute nécessaire car l’espace n’est pas extensible), sans se soucier ni de diversité pour les collections, ni de mettre en oeuvre des dons plus intelligents, par exemple en faveur de centres de documentation pédagogique appartenant à des prisons ou à l’enseignement secondaire. Ici, comme un peu partout dans le monde qui est le nôtre, la logique de rentabilité règne seule, flanquée de bonnes intentions, au détriment de ce que devrait être un service publique dédié à la diffusion du savoir et des connaissances, autant qu’à la valorisation d’une culture à vocation universaliste.